« Quelqu'un de vivant doit venir ici pour lui donner à manger ! » songea le chirurgien en s'approchant de l'endroit où la jeune archéologue était enfermée.
- Oui, c'est moi, ma chérie, ne t'inquiète pas. Comment vas-tu ? es-tu blessée ?
- Non, non, ça va. Mais je n'en crois pas mes yeux ! je pensais sans cesse à toi et à Jérémie. Comment es-tu arrivé ici ?
- C'est une longue histoire, mais je vais faire de mon mieux pour la résumer.
Jean-Pierre lui raconta alors l'annonce de son décès, son enterrement, la drôle de lettre qu'il avait reçue à la clinique.
- Comment va Jérémie ?
- Je l'ai vu juste avant mon départ pour l'Égypte, il survivait malgré d'impressionnantes intempéries inexpliquées. Il est resté à la maison. Depuis, je n'ai pas eu de nouvelles.
- Quelle drôle d'histoire quand même ! je n'y comprends rien.
- Mais toi, qui te retient prisonnière dans ce temple ?
- Je n'en sais rien. J'ai eu une longue période d'amnésie suite à ma découverte de la statuette d'Osiris. Je sais juste que je me suis réveillée enfermée dans cette cage. Dis, que fais-tu avec ce chien ?
- Je l'ai trouvé à l'intérieur du temple. Il m'a suivi et m'a aidé à parvenir jusqu'à toi.
Soudain, un bruit sourd accompagna l'ouverture d'une mystérieuse porte dans la paroi du mur opposé. La jeune femme frissonna et murmura :
- J'ai peur, viens m'aider, vite !
- Je n'arrive pas à approcher facilement avec tous ces squelettes autour de ta cage !
- Sauve-toi, ils reviennent !
- Qui ça ?
- Je n'ai pas le temps de t'expliquer, file te planquer, vite !
Il alla se cacher dans un recoin sombre avec Sachem afin d'espionner les visiteurs que sa femme redoutait tant. Jean-Pierre cherchait comment délivrer Sarah. Les ombres qui s'approchaient de lui n'étaient que des squelettes, mêlés à quelques momies. Tous tenaient un sceptre en or et portaient beaucoup de bijoux. L'armée avançait toujours, inexorablement, menée par une sombre silhouette, encore difficile à distinguer. Derrière cette étrange apparition, on entendait des hurlements terrifiants qui s'amplifiaient de minute en minute. Jean-Pierre comprit qu'il devrait affronter des obstacles pour délivrer Sarah, il devrait se battre contre plusieurs squelettes. Il vit la clé de la cage briller autour du cou d'un squelette. Mais ses compagnons semblaient invincibles. « Ils sont déjà morts, alors comment les tuer ? » se demandait Jean-Pierre qui n'avait pas d'arme ! Il regarda derrière lui et trouva une épée et un bouclier. Sans se demander comment ces armes étaient arrivées là, il courut jusqu'à elles et réussit à extraire une longue épée. Il se retourna alors et se précipita sur le squelette portant la clé à son cou. D'un coup violent, il lui coupa la tête et aussitôt son ennemi se transforma en poussière.
Jean-Pierre se remit très vite de son étonnement, prit la clé qui gisait par terre, sur le tas de poussière, puis il arriva devant la cage où Sarah était enfermée. Comme il s'apprêtait à introduire en tremblant la clé dans la serrure pour délivrer sa femme, un autre squelette l'attrapa brutalement et le poussa dans la même cage que Sarah.
Tout à coup, il vit un visage affreux s'adresser à Sarah :
- Demain à l'aube tu mourras dans d'atroces souffrances ! Tiens, voici un nouveau ! Mettez cet homme avec la femme dans la cage, nous nous occuperons d'eux, demain, comme prévu.
Jean-pierre fut bousculé pour être introduit dans la cage, et c'est en tombant à terre qu'il sentit la clé. « Peut-être ouvre-t-elle la porte ? » pensa-t-il. il fallait qu'il attende maintenant le départ de leurs ravisseurs.
À moitié assommé, le pauvre chirurgien reprit doucement connaissance et bredouilla :
- Je suis désolé, ma chérie, j'ai échoué.
- Seul, tu ne pouvais rien faire ! Ils sont trop forts et trop nombreux. Oh, j'aurais tellement voulu que tu ne sois pas mêlé à tout ça ! C'est ma faute !
Un nouvel événement interrompit leurs retrouvailles. Soudain, les squelettes se mirent à genoux et se prosternèrent pour laisser passer la mystérieuse silhouette qui les avait conduits jusque-là. Les parents de Jérémie ne voyaient rien hormis les ossements qui luisaient dans la nuit. L'inconnu s'avançait vers eux et progressivement, la faible lumière des torches éclairait son visage. C'était un homme, un vieil homme avec une barbe blanche. Il tenait une statuette à la main. Il arriva enfin en pleine lumière, et Sarah le reconnut. Elle s'écria :
- Professeur Jalourb ! Vous ? Mais, comment ?
Elle ne savait pas encore si elle devait se réjouir de ces retrouvailles, s'il allait pouvoir la sauver, ou si tout ceci n'était qu'une vaste et inquiétante machination. Le regard sombre du vieux savant ne laissait présager rien de bon.
Lorsqu'il desserra les lèvres, ce fut dans un rictus atroce qui'il laissa percer un sentiment de supériorité malsain, mêlé d'une méchanceté ironique. Que signifiait tout ceci ?