C'était un homme très vieux et très laid qui venait d'un pays très lointain. Il avait vécu une enfance très malheureuse et s'était fait insulter par tous les gens de son village, Le Bois Joli. Il portait ses cheveux courts, un pantalon large, un chapeau, des lunettes et une chemise à carreaux.

 

 

Il avait perdu ses parents, très jeune et ses premiers textes secrets leur étaient adressés.

« L'enfant pleure au clair de lune, et pleure à se fondre les yeux, la mère a disparu dans la nuit. Pour raconter son infortune à ses amis, il pleure au clair de lune, et pleure à se fondre les yeux. Mais aucune réponse, aucune, à ses longs appels anxieux... Fou d'amour et de rancune, le garçon pleure au clair de lune... »

Seul, il avait poursuivi son aventure et écrivait des poèmes d'amour. Souvent, il essayait de parler pour communiquer avec les gens, mais c'était difficile. Il n'avait jamais eu de chance dans sa vie de tous les jours et se répétait souvent : « je suis seul, depuis que mes parents sont morts, je pense à eux tous les jours, je pleure pour eux tous les jours, et quand je touche un objet, je vois mes parents. Je les aiment...»

Il vivait dans une ferme près d'un petit village. Les gens de sa campagne le détestaient. Ils racontaient que lorsqu'il était jeune, cruel et désagréable, il volait, tuait les animaux pour s'amuser, lançait des cailloux contre les vitres, insultait les gens. C'était pourtant un homme d'une gentillesse exquise ! Il répondait tout bas :

Ils m'ont traité de chien galeux,

Et aussi de pauvre peureux.

Ils m'ont traité de vieux nigaud,

Et aussi de jeune sot.

Et pour finir ils m'ont dit : Ouistiti.

Mais ça m'est bien égal,

Ça m'est bien égal.

Il suffit que j'ouvre mon pot de couleurs

Que je profite de chaque heure

Que je caresse mon chien avec douceur

Et je ne les entends pas.

 

Le temps avait passé. Maintenant, il avait décidé de vendre ses poèmes pour gagner sa vie. Il était devenu solitaire, allait de ferme en ferme mais il ne gagnait presque rien. Alors, il labourait les champs des autres, de vieux habits sur le dos, et son chien Flit dans les jambes... Un train roula sur le viaduc. Drôle de bruit pour un train ! Ça faisait :

Un train en or et en argent,

Avec de magnifiques gants blancs,

Ça n'existe pas, ça n'existe pas.

Un long train à six pattes,

Qui circule dans les Carpates,

Ça n'existe pas, ça n'existe pas.

Un train à haut -parleur,

Qui est vraiment beau parleur,

Ça n'existe pas, ça n'existe pas.

Et pourquoi pas ?

L'homme sentit l'eau bouger très brusquement. Soudain quelqu'un lui piqua les fesses. Tout à coup il était éclaboussé. Il goûta l'eau et la trouva trés salée. Le poète eut tellement peur qu'il se jeta à l'eau. Depuis le pont, Vendemière le regarda nager vers l'écluse en faisant de grands signes.

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