Lorsque le chien et le vieil homme sortirent de l'eau, Vendémière les vit et une fois réunis tous ensemble sur le chemin, chacun raconta sa vie. Le poète s'appelait Georges : il était noir et vagabond et passait le plus clair de son temps sur une barque emportée par le courant. Il disait qu'il trouvait son inspiration dans l'eau. Vendémière l'aima tout de suite. Il lui fit un poème si beau qu'elle en pleura.

Les roses sont rouges, les pensées sont bleues, Mais rien n'est plus beau que le brillant de tes yeux. Le soleil fait briller tes longs cheveux dorés, Et ta bouche parfaitement dessinée reflète ta beauté. Tu es belle comme un soleil, Et ta splendeur suprême me rappelle celle d'une hirondelle.

À la fin du poème, Vendémière dit au vagabond :

- Allons voir ma grand-mère ! Elle est malade et je dois lui porter un panier rempli de médicaments... Tu sais, elle n'a pas les moyens d'aller voir un docteur, la pauvre. Elle a une toute petite boutique, mais elle est trop vieille pour s'en occuper. Toi, tu écriras tes poèmes et les gens viendront les acheter...

Le vagabond accepta d'un geste de la tête, mais il dit :

- Je ne peux pas écrire et vendre.

- Je suis seule, comme toi, et je n'ai rien à faire, à part marcher dans le sens du vent... Je pourrais vendre tes poèmes et toi, tu les écriras... Et comme ma grand-mère habite juste au-dessus de la boutique, dès que ton chien aura soif ou voudra manger, elle lui donnera ce qu'il voudra. Elle sait faire des crèpes, tu les adoreras. Pour aller chez elle, il faut suivre la voie de chemin de fer jusqu'à la gare et puis tourner à droite, vers la campagne...