La lettre reçue par le père de Jérémie avait été postée à Louxor.
Elle était bien mystérieuse et contenait cette allusion rassurante : " Votre femme n'est peut-être pas morte ! " Cela avait redonné espoir à Jean-Pierre. Convaincu qu'il pourrait peut-être retrouver sa trace en Egypte, il avait décidé de partir à sa recherche. Il comptait emmener son fils qui semblait si affecté par la disparition de sa mère. Et puis ce serait aussi l'occasion pour eux de se rapprocher : ils ne se voyaient pas beaucoup depuis le drame, à cause du travail à la clinique, dans lequel Jean-Pierre s'était réfugié pour éviter de s'apitoyer sur son sortŠ Il décida de prévenir Jérémie de son retour à la maison. Il tenta de lui téléphoner, mais la ligne était coupée. Il fallait absolument qu'il prévienne un collègue chirurgien ! En sortant de son bureau, il aperçut Philippe.
- Aurais-tu deux minutes à m'accorder, j'ai un service à te demander ?
- Sans problème.
- J'ai reçu une étrange lettre concernant le décès de Sarah. Je pars d'urgence en Egypte. Peux-tu me remplacer jusqu'à mon retour ?
- D'accord ! Mais seulement à partir de demain. Je m'organiserai avec le service. Bonne chance et sois prudent !
Jean-pierre quitta la clinique à bord de sa voiture, mais il subit les terribles intempéries. Il pleuvait averse, le vent était très violent, les routes glissaient et la visibilité était quasiment nulle. Il roulait prudemment, quand soudain, il aperçut des lumières éblouissantes. Un accident s'était produit à cause de la chute d'un arbre sur la route. Il décida de faire demi-tour et de choisir un autre itinéraire. Au bout d'une éternité, il parvint enfin à son domicile. En entrant, il découvrit Jérémie en train de se battre contre l'eau qui inondait la maison.
- J'ai essayé de te joindre mais la ligne est coupée. Comment ça va ici ? C'est pas trop dur ?
- Je suis très content de te voir, Papa ! J'ai la trouille ! De curieuses pensées m'obsèdent et j'ai des flashs de fou! cette ambiance terrible me fait penser à Maman.
- Je viens de recevoir à la clinique une lettre mystérieuse. Elle parle de la disparition et de la mort suspectes de ta mère.
Il lui tendit la lettre. Jérémie resta figé devant le message qu'il découvrit.
- J'ai décidé de partir immédiatement pour l'Egypte et je te propose de m'accompagner.
- Oh, oui, je pars avec toi !
- Nous partirons demain, vers midi
Hélas, le lendemain, alors qu'il s'apprêtait à quitter la clinique pour aller chercher Jérémie et filer ensemble à l'aéroport, une autre lettre fut mystérieusement déposée sur son bureau : " Monsieur Jean-Pierre, nous savons que vous êtes désespéré depuis la disparition de votre femme Sarah, sur le lieu de ses fouilles en Egypte. Nous avons nous aussi été très affecté par cette triste nouvelle et nous avons aussitôt fait des recherches. Nous avons découvert que sa disparition avait un lien avec la mystérieuse Pierre Océanique dont vous n'avez certainement pas encore entendu parler.Hélas, nous n'en savons pas plus sur cette pierre. Nous pourrons certainement progresser dans notre enquête si nous travaillons ensemble et conjuguons nos forces. Pour en apprendre plus sur la disparition de votre femme et sur la Pierre Océanique, il vous faudra contacter un jeune homme, dont on parle dans une certaine prophétie liée à la Pierre, qui vous en dira plus. Votre fils, Jérémie, a été envoyé auprès de lui et c'est par son intermédiaire que nous saurons tout. Partez donc seul en Egypte et laissez votre fils poursuivre ses recherches de son côté. Nous vous tiendrons au courant de l'avancée des recherches et nous vous guiderons dès votre arrivée en Egypte. Pour des raisons de sécurité qui vous paraîtront évidentes, nous préférons garder l'anonymat, mais soyez sans crainte, nous ne vous abandonnerons pas et nous poursuivons le même intérêt. Faites-nous confiance. Bonne chance. "
Jean-Pierre chargea sa secrétaire de prévenir Jérémie. Le temps était compté. Sans plus attendre, il alla à l'aéroport qui, par chance, n'avait pas été touché par l'inondation. Il prit le vol n° 64, et décolla à l'heure prévue, prêt à braver la tempête.
Mais une heure plus tard, l'orage et la pluie n'avaient pas cessé et une terrible tempête ballotait l'avion dans tous les sens. Les pilotes n'avaient plus aucune visibilité, ils étaient complètement désorientés et leurs appareils ne fonctionnaient plus. L'avion était tellement perdu entre ciel et terre, comme le jouet des éléments déchaînés, qu'il fut obligé d'atterrir en plein milieu du désert égyptien. Les passagers survécurent à l'atterrissage un peu brusque, mais certains étaient blessés. Jean-Pierre n'avait rien et il décida avec les pilotes de continuer à pieds, pour aller chercher de l'aide.
La route était longue, très longue, d'autant qu'ils ne savaient pas exactement où ils étaient. Au bout de huit heures de marche, ils arrivèrent enfin au bord du Nil. Là, ils découvrirent un bateau qu'ils prirent jusqu'à Louxor.
Jean-Pierre gagna enfin l'hôtel où il avait réservé plusieurs nuits. Exténué, il dormit douze heures d'un sommeil réparateur.
Le lendemain, dans le hall de l'hôtel, alors qu'il s'apprêtait à contacter la police locale pour aparler de sa femme, un Egyptien s'approcha de lui et lui glissa discrètement un message qui indiquait le nom du temple où Sarah avait disparu, ainsi qu'une clé pour ouvrir un coffre dans l'hôtel.
Il y trouva une carte qui précisait l'emplacement de ce temple inconnu, ainsi qu'un plan détaillé du temple. Une grosse croix rouge avait été tracée sur ce plan, à l'endroit de la " salle d'Osiris ".
Il n'avait pas un instant à perdre ! Il demanda à la réception de l'hôtel de lui trouver un guide et une Jeep pour faire le trajet à travers le désert jusqu'au temple et quelques heures plus tard, un guide l'attendait dans le hall. Jean-Pierre lui montra la carte. Le guide parut inquiet :
- Le chemin va être long et difficile. Peu d'Européens s'aventurent dans cette partie du désert. Les touristes ne vont jamais dans cette région. Vous ne préférez pas voir les pyramides, au Caire ?
- Non, je vous paierai grassement, mais conduisez-moi dans ce temple, et vite !